Les 150 ans de l’impressionnisme célébrés à Gennevilliers
À l’occasion de l’édition 2025 des Trésors de Banlieues, la ville de Gennevilliers ainsi que les 70 villes et institutions partenaires mettent à l’honneur l’impressionnisme avec un focus sur la figure de Gustave Caillebotte. L’occasion parfaite de faire le point sur ce mouvement artistique et sur ce personnage discret, héros du genre.
L’exposition Trésors de Banlieues – Couronnes d’humanité, présentée de février à avril dans les Hauts-de-Seine, n’avait rien d’un événement figé. Elle respirait. Rassemblant 250 œuvres issues des collections des villes partenaires, elle offrait un air de culture libre, accessible et profondément humain. À travers onze espaces thématiques soigneusement construits et interconnectés, l’art servait ici de miroir aux vies multiples qui se croisent dans les couronnes françaises. Vie de famille, travail, révolte, mémoire ou paysages : les banlieues y étaient racontées avec sincérité, sans filtre ni folklore au travers de portraits, sculptures et photographies notamment.
Ce regard porté sur les territoires de la périphérie permet également de redonner de la valeur à des histoires oubliées ou effacées. Car derrière chaque œuvre se dessine une mémoire locale, une trace, un nom. Les banlieues se font alors récits : elles parlent à travers les pinceaux, les objectifs ou les burins de celles et ceux qui les habitent, les traversent ou les réinventent. Une manière de déconstruire les frontières habituelles entre centre et marge, et de faire vibrer ’histoire de l’art au rythme de la diversité contemporaine.
Pour célébrer les 150 ans de l’impressionnisme, le choix de Gustave Caillebotte, l’enfant de Gennevilliers, comme figure centrale a tout son sens. Peintre des jours ordinaires, des quais de Seine et des matins gris, il incarne une forme de justesse poétique propre à l’esprit impressionniste. Gennevilliers et ses voisines lui rendent hommage en exposant deux de ses œuvres souvent mal connues du grand public, comme La Berge du Petit-Gennevilliers et la Seine, ou encore Bord de Seine au Petit-Gennevilliers. Plus étonnant encore : la présentation du Roastbeef, un voilier de course reproduit à partir des plans de Caillebotte, lui qui était aussi régatier et architecte naval. L’art ici ne se limite pas aux murs : il flotte, vogue et glisse entre les rives du passé et celles du présent.
À travers ce parcours, l’impressionnisme n’est plus seulement une affaire de musées nationaux, il devient un outil sensible de mémoire collective. Loin des clichés sur les périphéries, Trésors de Banlieues met en lumière les gestes créateurs de celles et ceux qui habitent ces territoires en constante mutation et rappelle, en creux, que l’impressionnisme lui-même fut, en son temps, un art de rupture. Caillebotte aurait sans doute apprécié cette filiation inattendue. Lui qui peignait les rues de Paris comme on trace des souvenirs. Lui dont les toiles sont faites de perspectives douces et d’émotions discrètes. Gennevilliers, à sa façon, prolonge ce regard.
NAIM BRETON